Nos experts :Environnement : Un peu de psychologie
Aurore Darmandieu, comment définir en un mot la psychologie environnementale ?
La psychologie environnementale s’intéresse aux relations entre les personnes et leur environnement, que celui-ci soit naturel (montagne, plage, forêt, etc.) ou construit (bâtiment, place publique, etc.). Elle cherche à comprendre pourquoi et comment l’environnement dans lequel nous nous trouvons influence notre ressenti et nos comportements. Cette meilleure compréhension aide à construire des espaces qui répondent à nos besoins et à développer des comportements en faveur de l’environnement naturel.
Arrêtons-nous un instant sur cette question d’environnement naturel. Est-ce que les personnes qui déclarent se sentir proches de l'environnement naturel ont des comportements meilleurs pour l'environnement que les autres ?
En théorie, oui. Se sentir proche de l’environnement naturel se traduit par exemple par des ‘valeurs’, c’est-à-dire des grands principes qui vont gouverner nos actions, en faveur de la préservation de l’environnement, ou par le sentiment que nous avons besoin de l’environnement pour définir qui nous sommes (ce sentiment est appelé identité environnementale). Si nous nous sentons proches de l’environnement naturel, agir pour le protéger nous aide à confirmer l’idée que nous nous faisons de nous-mêmes et à nous réaliser. Soulevons cependant deux points ici. Premièrement, nous pouvons agir pour l’environnement naturel sans nous sentir particulièrement connecté(e)s à lui. Par exemple, s’assurer que nos enfants pourront profiter d’une planète en bonne santé relève de l’altruisme. Cette valeur nous incite à agir directement pour le bien-être de nos enfants et indirectement à protéger l’environnement. Deuxièmement, même une personne qui se sent proche de l’environnement n’agit pas toujours en faveur de celui-ci si elle rencontre trop de barrières physiques (pas de contrôle sur la température d’un chauffage collectif, pas d’espace de stockage pour les déchets, etc.), si elle ne se sent pas responsable du problème, pense que son action n’aura aucun impact, ou encore si elle ne ressent pas d’obligation morale à agir.
Est-ce que les comportements en faveur de l'environnement naturel dans la sphère privée ont une influence sur les comportements au travail ?
Si la transposition des comportements pro-environnementaux entre la sphère privée et le travail est bien documentée, la psychologie environnementale met cependant en évidence le fait que l’on peut agir différemment d’un contexte à un autre, chez soi versus au travail, par exemple. Pourtant, au fond, nous restons les mêmes personnes. Ce sont plutôt les conditions matérielles et les personnes avec qui nous interagissons dans un contexte précis qui vont changer. Ces éléments peuvent faciliter ou freiner notre comportement en faveur de l’environnement naturel. Pour les conditions matérielles, prenons l’exemple du recyclage. Est-ce que séparer ses déchets pour recycler se fait de la même façon chez soi ou au travail ? Si l’infrastructure est présente, nous reproduirons plus facilement au travail l’habitude acquise chez soi (l’inverse est tout à fait possible aussi). Au contraire, l’absence d’infrastructure peut empêcher la reproduction de l’habitude. Autre exemple, si nous nous engageons dans une association pour protéger l’environnement dans notre vie privée, nous aurons tendance à transposer cet activisme au travail en sensibilisant nos collègues et notre organisation aux questions environnementales. L’autre élément qui varie d’un contexte à un autre est les personnes avec qui nous interagissons. Demander à ses enfants ou ses collègues d’éteindre les lumières en sortant d’une pièce n’est pas la même chose. Au travail, la qualité de nos relations avec notre (nos) supérieur(s) hiérarchique(s) et avec nos collègues peut renforcer ou limiter notre motivation à agir pour l’environnement.
Contact : aurore.darmandieu@univ-pau.fr